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La NASA identifie la cause de la perte de matériau carbonisé du bouclier thermique d'Artemis 1
Les ingénieurs ont déterminé que les gaz générés à l'intérieur du bouclier thermique, lors de la rentrée atmosphérique, n'étaient pas capables de s'évacuer et de se dissiper comme prévu. Cela a permis à la pression de s'accumuler et produire des fissures, provoquant la rupture de certaines parties carbonisées à plusieurs endroits.
Lors d'Artemis 1, les ingénieurs ont utilisé le "rebond atmosphérique" pour ramener Orion sur Terre. Le rebond atmosphérique, en enchaînant plusieurs sorties puis rentrées atmosphériques, permet d'étendre davantage la portée du vaisseau.
En utilisant les données renvoyées par le matériau extérieur ablatif Avcoat du bouclier, l'équipe a pu reproduire l'environnement de la trajectoire d'entrée — un élément clé de la compréhension de la cause du problème — au "arc jet facilities" du Ames Research Center de la NASA en Californie.
Ils ont observé que pendant la période entre les plongées dans l'atmosphère, les taux de chauffe ont diminué ainsi que l'énergie thermique accumulée à l'intérieur du bouclier. Cela a conduit à une accumulation de gaz qui fait partie du processus d'ablation attendu. Mais parce que l'Avcoat n'a pas eu la perméabilité attendue, la pression interne s'est accumulée et a conduit à la fissuration et à l'effusion inégale de la couche externe.
Lors des essais, des taux de chauffage élevés ont permis au matériau carbonisé perméable de se former et de s'ablater comme prévu, libérant la pression du gaz. Un chauffage moins sévère (ce qu'a subit Orion Artemis 1 pendant la rentrée réelle) a ralenti le processus de formation de matériau carbonisé, tout en créant des gaz dans la couche. La pression du gaz s'est accumulée jusqu'au point de fissurer l'Avcoat et de libérer des parties de la couche carbonisée.
Les données de vol ont montré que si l'équipage avait été à bord, il aurait été en sécurité. Les données de température des systèmes du module d'équipage étaient dans les limites et se maintenaient stables autour de 21°C. Les performances thermiques du bouclier thermique ont dépassé les attentes.
Les ingénieurs comprennent maintenant à la fois le phénomène matériel et l'environnement avec lequel les matériaux interagissent lors de l'entrée.
En changeant le matériau ou l'environnement, ils peuvent prédire comment le vaisseau spatial réagira. Les équipes de la NASA ont convenu à l'unanimité que le vol Artemis 2 était acceptable avec son bouclier thermique actuel.
Les futurs boucliers thermiques pour le retour des missions lunaires seront produits pour atteindre l'uniformité et la perméabilité constante. Le programme de qualification est en cours d'achèvement avec la production de blocs Avcoat plus perméables.
Premiers résultats de la "radio-protection" lors d'Artemis 1
Les radiations spatiales posent des risques pour la santé. Elles peuvent entraîner le cancer et plusieurs maladies dégénératives des organes, de sorte que des mesures de protection appropriées doivent être trouvées pour garantir la protection des astronautes lors des missions spatiales de plus en plus longues à l'avenir. Pour cela, les chercheurs ont besoin de données détaillées sur l'exposition aux rayonnements pendant ces vols, au-delà du champ magnétique terrestre.
Fin 2022, les mannequins Helga et Zohar ont été lancés à bord d’Orion dans le cadre du projet MARE (Matroshka AstroRad Radiation Experiment ) dirigé par le German Aerospace Center de la DLR, grâce à de nombreux capteurs de rayonnement. Dans le cadre de la mission Artemis 1 ils se sont envolés vers la Lune et sont revenus lors d’un voyage de plus de 25 jours. Pour la première fois, des données de mesure continues sur les niveaux de rayonnement entre la Terre et son satellite naturel ont été obtenues. L'équipe de recherche de la DLR, de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) et de la NASA vient de publier leurs premiers résultats dans la revue scientifique Nature.
Thomas Berger, physicien des radiations à l’Institut de médecine aérospatiale de Cologne et enquêteur principal de l'expérience MARE, explique: « Nous avions deux objectifs principaux pour la mission Artemis 1. Pour la première fois, nous voulions collecter un ensemble de données complet et cohérent sur les conditions de rayonnement pendant un vol lunaire, et nous analysons toujours ces données. Et, avec la NASA et l'ESA, nous avons voulu caractériser les variations de l'exposition au rayonnement à l'intérieur du vaisseau spatial Orion, pour lequel les résultats sont maintenant disponibles. Pour ce faire, nous avons placé de nombreux détecteurs de rayonnement, appelés dosimètres, à différentes positions fixes dans le vaisseau spatial et à l'intérieur de nos deux mannequins, Helga et Zohar ».
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Différences significatives dans l'exposition aux radiations au sein du vaisseau spatial
Les résultats des mesures, publiés dans la revue scientifique Nature, montrent que pendant le vol à travers la ceinture de Van Allen, l'exposition au rayonnement à l'intérieur de l'engin spatial différait de manière très significative selon l'emplacement du détecteur. Les débits de dose entre les zones les plus et les moins protégées de la capsule spatiale diffèrent d'un facteur quatre. Ces énormes différences valident le concept de conception et de blindage de la capsule. Dans la zone plus fortement protégée (Storm Shelter), la dose totale de rayonnement provenant de grands événements de particules solaires peut être limitée à un maximum de 150 millisieverts. À cette dose, aucun signe de maladie radiologique aiguë n'est attendu.
Adaptabilité de la capsule Orion pour le vol spatial humain
Les données montrent également que l'orientation de l'engin spatial pendant le vol à travers la ceinture de protons a eu un effet significatif sur les niveaux de rayonnement à l'intérieur de la capsule. À la fin du vol à travers cette ceinture, Orion a effectué un virage à 90 degrés, ce qui a conduit à une réduction inattendue de la dose de rayonnement de 50 %. « Cela nous montre que cette manœuvre de vol peut réduire considérablement l'exposition aux radiations de l'équipage. C'est également un bon signe et cela confirme l'adéquation de base d'Orion pour les futurs vols spatiaux habités. Nos données de mesure fournissent également une base de connaissances solide pour la conception des futures mission », souligne Berger.
Enfin, l'étude montre une amélioration des simulations informatiques modernes des environnements de rayonnement, car les données de mesure expérimentales correspondent largement aux calculs du modèle prédit. C'est également un facteur important pour le développement efficace, rapide et rentable du concept Orion.
Dans l'ensemble, l'équipe scientifique a conclu que l'exposition aux rayonnements pour les futures missions Artemis, avec des durées comprises entre quelques jours et quelques semaines, ne dépasserait probablement pas les limites actuelles données par la NASA pour les astronautes, en supposant que des conditions de mission similaires soient maintenues. Cependant, le risque de rayonnement demeure l'un des principaux défis des vols spatiaux habités.
Avec la NASA et l'ESA, mesurer le rayonnement pour protéger efficacement les futurs équipages d'Orion
Le 16 novembre 2022, la mission Artemis 1 a été lancée depuis le KSC en Floride. Au cours de cette mission non encore habitée, tous les systèmes nouvellement développés ont été testés ensemble – le vaisseau spatial Orion, le Module de service européen (ESM), le Space Launch System (SLS) et les systèmes au sol.
La NASA a équipé Orion de son système de mesure et d'alerte de rayonnement HERA (Hybrid Electronic Radiation Assessor) qui se compose de trois capteurs de rayonnement installés dans des zones d'Orion protégées du rayonnement à des degrés divers. Il est conçu pour déclencher une alarme si l'équipage a besoin de chercher un abri en raison d'un événement de rayonnement à haute énergie, comme une éruption solaire. Dans ce cas, les astronautes se déplaceraient vers une partie plus blindée du vaisseau, ouvrant les trappes du sol, puis installant un matériau de blindage sur leur tête comme protection supplémentaire.
L'ESA a fourni cinq dosimètres mobiles, les EAD-MU (ESA Active Dosimeter – Mobile Units), placés à divers endroits dans la capsule spatiale pour mesurer le rayonnement. Un système prédécesseur de ces unités mobiles a été utilisé sur la Station spatiale internationale de 2016 à 2017. L'orbite autour de la Lune pendant la mission Artemis 1 a permis la cartographie la plus complète possible de l'environnement radiatif dans l'espace lointain. Les nouvelles valeurs sont maintenant comparées aux mesures de l'ISS pour évaluer la sécurité des missions Artemis avec équipage. Une version raffinée du système EAD-MU sera utilisée à bord de la station Gateway prévue en orbite lunaire.
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« Les détecteurs mesurent différents types de rayonnement, ce qui nous permet d'utiliser les valeurs pour tirer des conclusions sur leurs effets biologiques », explique Berger. Les deux mannequins de mesure du projet MARE ont été spécialement conçus pour imiter l'anatomie féminine afin d'étudier les effets particuliers des radiations sur les femmes dans les missions spatiales de longue durée.
Les résultats publiés dans Nature sont les premiers d'une série. Des chercheurs du DLR, de la NASA et de l'ESA continuent d'analyser les vastes mesures de données de rayonnement du vol d'Orion. Thomas Berger et l'équipe du projet DLR MARE travaillent actuellement à comparer l'exposition aux rayonnements d'Helga, le mannequin de mesure qui a volé sans protection, et de Zohar, qui portait le gilet de protection contre les rayonnements tout en volant autour de la Lune.
Orion Artémis 1 devient un article de test environnemental
De la Floride à la Lune et retour, le vaisseau spatial Orion est de nouveau en mouvement. Le module équipage qui a volé plus de 2 millions de kilomètres au cours de la mission Artemis 1 se prépare pour sa prochaine destination, le Neil Armstrong Test Facility de la Nasa à Sandusky dans l'Ohio.
Les techniciens, à l'intérieur du Multi-Payload Processing Facility au Kennedy Space Center, utilisent une grue pour soulever le vaisseau spatial dans l'appareil de transport de module d'équipage en préparation de son départ. Des ingénieurs l'utiliseront pour des tests de qualification afin de mieux comprendre comment Orion se comporterait en cas d'abandon de lancement ou de vol.
Après son amerrissage dans l'océan Pacifique, ce vaisseau spatial est retourné au KSC en décembre 2022. Ces composants ayant été programmés pour être réutilisés sur Artémis II, ils ont été retirés et le module d'équipage a été reconfiguré pour servir de maquette de test. Les essais de fonction du module d'équipage étant maintenant terminés, l'article d'essai a été préparé pour son transport avec sa coque arrière et sa trappe latérale.
La réutilisation des pièces d’Orion Artemis 1
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Une fois Orion Artemis 1 revenu sur Terre, les équipes du Systèmes d'exploration au sol (EGS pour Exploration Ground Systems) a utilisé une configuration de transport unique, avec une remorque spécialisée et un itinéraire soigneusement cartographié qui nécessite des permis spéciaux d'État et, parfois, des horaires spécifiques dans lesquelles le vaisseau spatial peut voyager le long des routes nationales, ceci afin de minimiser l'impact sur le trafic.
Et une fois arrivé en Floride dès décembre 2022, l'équipe a immédiatement commencé ses activités de mise hors service et de démontage.
Dix parties du vaisseau spatial Artemis 1 seront utilisées sur l'Orion qui transportera les astronautes vers la Lune lors d'Artemis 2.
"Dès qu'Orion est arrivé en Floride, nous avons commencé le processus de démontage, d'inspection et de remise à neuf de ces 10 pièces pour les certifier pour le vol et les intégrer dans le prochain Orion", a déclaré Nathan Varn, directeur ATLO (Assembly, Test, and Launch Operations) d’Orion au KSC, Lockheed Martin. "Notre équipe a mis en place des systèmes et des processus pour accomplir tout cela aussi efficacement que possible."
L'un des éléments clés qui rend cela efficace est un système de suivi unique. Construit dans le cadre d'un partenariat entre la division Space de Lockheed Martin, responsable de la construction d'Orion, et la division Rotary and Mission Systems, qui possède une profonde expertise en logistique, il s'agit d'un système complet qui permettra à la NASA et à Lockheed Martin de suivre chacune de ces 10 pièces : leur emplacement physique, les ordres de travail pour les remises à neuf, le cycle de vie des pièces et autres marqueurs clés.
La dernière étape consistera à certifier à nouveau la pièce pour voler, puis à l'installer sur le nouveau véhicule Orion pour Artemis 2.
Les dix parties du vaisseau spatial Orion Artemis 1 qui seront utilisées sont :
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- 4 antennes multiéléments: lien de communication principal de données et de voix pour les astronautes lors de toutes les phases de la mission.
- 3 unités de mesure inertielle (OIMUs - Orion Inertial Measurement Units) : fourniture de données de mesure inertielle au système de navigation et de contrôle du véhicule.
- 1 récepteur GPS : utilisé à des fins de navigation (couplé aux données des OIMUs) pour déterminer la position d'Orion dans l'espace lorsqu'il est proche de la Terre.
- 1 Unité de traitement de la vision (VPU - Vision Processing Unit) : abrite le système de commandes de vol de secours pour l'exécution d'événements dynamiques critiques pour la mission et permet la récupération des ordinateurs de commande de vol principaux. Il fournit également le stockage des données opérationnelles de mission à haut débit.
- 1 siège équipage : celui utilisé par le Commandant « Moonikin Campos ».
En fait, le processus de réutilisation d'Artemis 1 servira de guide pour les futures missions. Cinq composants d'Orion d'Artemis 1 seront également réutilisés sur Artemis 3 - ceux-ci incluent plusieurs composants de localisation et de communication tels que le deuxième récepteur GPS, une balise tri-bande, deux processeurs de bande de base en bande s et deux transpondeurs en bande s.
Le processus de réutilisation des composants individuels d'Artemis 1 évoluera jusqu'à la réutilisation de 500 pièces d'Artemis 2 et servira de tremplin vers la réutilisation de modules - un assemblage de plusieurs composants - d'un véhicule à l'autre. Avec la réutilisation de ces modules, Artemis 3 est configuré pour réutiliser plus de 5 000 de ses composants.
Mais le parcours du module d'équipage d’Artemis 1 est loin d'être terminé, une fois ses 10 composants supprimés. Des travaux sont actuellement en cours au KSC pour le préparer à sa seconde vie en tant qu' « Orion Environmental Test Article » (ETA – Maquette de Test Environnemental). Une fois la capsule nettoyée, vérifiée et équipée d'instruments, elle sera expédiée au NASA Armstrong Test Facility à Sandusky, Ohio, pour subir le dernier test environnemental majeur requis pour prouver qu'Orion est prêt à faire voler un équipage. Elle y subira des tests acoustiques et de vibrations, simulant un abandon au lancement, afin de prouver ses capacités à résister à un environnement aussi pénible.
Premières inspections d'Orion Artemis 1
Depuis son retour au Kennedy Space Center le 30 décembre dernier, Orion Artemis 1 a été installé au Multi-Payload Processing Facility. Encore positionné sur son support de transport, des techniciens, sous le module de l'équipage, examinent de près le bouclier thermique, qui a enduré des températures proches de 3000°C lors de la rentrée dans l'atmosphère terrestre. Plus tard, ce bouclier sera retiré du vaisseau spatial et transporté dans une autre installation pour des inspections plus détaillées.
Les équipes inspectent également les fenêtres de la capsule ainsi que la protection thermique sur les panneaux de la coque arrière qui recouvrent le vaisseau spatial pour le protéger des conditions difficiles à la fois dans l'espace et lors de la rentrée à grande vitesse et à haute température.
Au-dessus de la capsule se trouve le système de redressement du module d'équipage, dégonflé, qui consiste en un groupe de cinq coussins gonflables qui permettent de redresser la capsule après l'amerrissage et qui ont été dégonflés avant le transport vers Le KSC. Toujours dans l'allée de transfert du Multi-Payload Processing Facility, les ingénieurs ont également retiré les boîtiers d’avionique externes. Par la suite, des techniciens prélèveront des échantillons d'air dans la capsule avant de la positionner dans un support de service qui rendra possible l’accès à l'intérieur. Lors de l'ouverture de la trappe, les techniciens retireront les boîtiers d’avionique internes et les charges utiles. Après inspections et tests détaillés, ces boîtiers seront réutilisés pour la mission Artemis 2.
La maintenance se poursuivra dans les mois à venir avec le retrait des produits dangereux qui restent à bord. Une fois terminé, le vaisseau spatial se rendra au Neil Armstrong Test Facility du Glenn Research Center dans l’Ohio pour des tests de vibrations acoustiques et autres tests environnementaux.
11 janvier 2023 : La désinstallation des composants qui seront réutilisés sur Artemis 2 a débuté dans le MPPF du KSC.
Orion Artemis1 déchargé de l'USS Portland.
Les membres de l'équipe du programme « Exploration Ground Systems » de la NASA ont réussi à retirer le vaisseau spatial Orion Artemis 1 de l'USS Portland le 14 décembre, une fois le navire accosté à la base navale américaine de San Diego, la veille.
Les ingénieurs effectueront des inspections autour des fenêtres du vaisseau spatial avant d'installer des couvertures rigides et de dégonfler entièrement les cinq airbags du système de redressement du module d'équipage en vue de la dernière étape du voyage terrestre d'Orion où Il sera chargé sur un camion et ramené au Kennedy Space Center en Floride pour une analyse post- vol.
Avant son départ, les équipes ouvriront l'écoutille d'Orion dans le cadre des préparatifs de son voyage et retireront la charge utile « Biology Experiment-1 » qui a volé à bord. L'expérience consistait à utiliser des graines de plantes, des champignons, des levures et des algues pour étudier les effets du rayonnement spatial avant d'envoyer des humains sur la Lune et, éventuellement, sur Mars. Le retrait de la charge utile avant le retour d'Orion à Kennedy permet aux scientifiques de commencer leurs analyses avant que les échantillons ne commencent à se dégrader.
Une fois arrivé à Kennedy, Orion sera livré à l'installation de traitement des charges utiles (MPPF - Multi-Payload Processing Facility) où elles seront retirées, ainsi que son bouclier thermique et d'autres éléments pour analyse.
31 décembre 2022 :
Orion est arrivé le 30 décembre au KSC et stocké à l'intérieur du MPPF (Multi-Payload Processing Facility). Dès le début de l'année prochaine, les analyses post-vol débuteront.
Succès de la mission Artemis 1
Après l'amerrissage réussi d'Orion dans l'océan Pacifique à l'ouest de la Basse-Californie à 17h40 UTC le 11 décembre, les contrôleurs de vol du Mission Control au Johnson Space Center de la NASA à Houston ont passé environ deux heures à effectuer des tests en eau libre pour recueillir des données supplémentaires sur le vaisseau spatial, y compris sur ses propriétés thermiques après avoir enduré l’intense chaleur de la rentrée dans l'atmosphère terrestre. Les premiers retours d’analyse montrent d’ailleurs que le bouclier thermique s’est comporté comme prévu.
Le personnel de récupération a également passé du temps à prendre des images détaillées du vaisseau spatial avant de commencer à tirer la capsule sur le pont immergé de l'USS Portland.
Le processus de récupération impliquait des plongeurs attachant un câble appelé « ligne de treuil » et plusieurs lignes de tension supplémentaires reliées au module d’équipage. Un treuil a ensuite été utilisé pour tirer Orion dans un berceau spécialement conçu à l'intérieur du pont du navire et les autres lignes ont été utilisées pour contrôler son mouvement. L'équipe de récupération se compose de personnel et d'actifs du département américain de la Défense, y compris des spécialistes plongeurs de la Marine et des spécialistes météo de la Space Force, ainsi que des ingénieurs et des techniciens du Kennedy Space Center en Floride, du Johnson Space Center à Houston et de Lockheed Martin Space Operations.
Orion devrait arriver à la base navale américaine de San Diego aujourd’hui 13 décembre et être déchargé le 15 puis envoyé au centre spatial Kennedy pour inspection. Là-bas, les techniciens inspecteront minutieusement Orion, récupérant les données enregistrées à bord ainsi que les charges utiles, et autres.
Les « ballotements de propergol »
Ce 7 décembre, jour de vol 22, les ingénieurs et contrôleurs de vol continuent de tester le vaisseau spatial et ses systèmes. Ils ont, entre autres, effectués le second test appelé « ballottements de propergol », prévus pendant les parties les plus calmes de la mission.
Les mouvements du propergol, ou clapot/ballottement (slosh en anglais), sont difficiles à modéliser sur Terre car le liquide se déplace différemment à l’intérieur des réservoirs dans l'espace ou sur Terre, en raison de l'absence de gravité.
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Ces « clapots » ont déjà été étudiés dans la Station spatiale internationale grâce à l’expérience SPHERES (Synchronized Position Hold, Engage, Reorient, Experimental Satellites) réalisée par Thomas Pesquet en 2017 et Alexander Gerst en 2018. En effet, le ballottement de liquide à l'intérieur d'un réservoir de carburant partiellement rempli peut modifier sa trajectoire, tout comme lorsqu’on projette une bouteille d'eau à moitié remplie dans les airs.
Ci-dessous, Thomas Pesquet travaillant dans le laboratoire Kibo de l'ISS pour vérifier le comportement des fluides en apesanteur.
Ces essais à bord d’Artemis 1 ont donc consisté à allumer les propulseurs du système de contrôle de réaction, situés sur les côtés du module de service, avec les réservoirs de propergol remplis à différents niveaux. Le premier test a été effectué le huitième jour de vol, après le premier survol de la Lune. Environ 5470 kg de propergol ont été utilisés, soit 98 kg de moins que prévu avant le lancement.
Les ingénieurs compareront les effets que les liquides, ballotant dans leurs réservoirs, ont sur le cap et l'orientation du vaisseau spatial à différents points de la mission, avec différents niveaux de propergol à bord, alors qu'Orion se déplace dans l'espace.
Orion de retour vers la Terre
Hier 5 décembre à 16h43 UTC, le module de service européen d’Orion a déclenché son moteur principal à moins de 127 km de la surface de la Lune pour mettre le vaisseau spatial Artemis sur une trajectoire de retour vers la Terre.
La mise à feu effectuée pour ce retour était la plus longue et la plus puissante que le module de service européen ait réalisée, et la dernière de cette envergure avant la fin de la mission Artemis 1.
« Orion et le module de service européen ont dépassé les attentes depuis le début », a déclaré le chef de mission de l'ESA, Philippe Deloo, « les quatre panneaux solaires ont produit 15 % d'énergie en plus tandis que nous consommions moins d'électricité que prévu en raison d’une moindre fluctuation de température du vaisseau spatial. »
« Il y a eu quelques problèmes mineurs qui sont communs pour un premier vol d'essai mais Orion est conçu selon les spécifications les plus élevées avec des sécurités et des sauvegardes. Grâce à l'ingénierie et au travail acharné des équipes de contrôle de vol du Johnson Space Center de la NASA et de la salle d'évaluation de mission de l'ESA à l'ESTEC, aux Pays-Bas, la mission Artemis 1 s'est déroulée sans heurts jusqu'à présent. »
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La plus longue mise à feu de la mission Artemis s'est produite alors qu'Orion naviguait derrière la Lune et n'était plus en contact avec le contrôle au sol. Le tir de trois minutes et 26 secondes a accéléré Orion de 1054 km/h, utilisant la gravité de la Lune pour le renvoyer vers la Terre.
Le vaisseau spatial a passé une demi-heure sans pouvoir être en contact avec la terre car la Lune bloquait tous les signaux. D’ailleurs, l'ESA travaille sur le projet « Moonlight » afin de créer une couverture de navigation et de communication par satellite autour de la Lune, ce qui réduirait ou éviterait totalement cette perte de signaux.
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Orion est maintenant bel et bien sur le chemin du retour. La mission Artemis 1 doit maintenant tester une rentrée et un amerrissage à des vitesses jamais tentées auparavant, qui verra Orion entrer dans notre atmosphère à 39 590 km/h, 30% plus rapide que le retour d'un vaisseau de la Station spatiale internationale.
Le module de service européen n'a que trois corrections d'orbite mineures prévues au cours des six prochains jours de croisière vers la Terre. Moins d'une heure avant l'amerrissage du 11 décembre, Orion se séparera du module de service européen et de l’adaptateur du module d'équipage, ces derniers brûlant dans l'atmosphère, leur mission terminée.
Artemis 1 : L'évaluation initiale montre d'excellentes performances pour la fusée lunaire
Le SLS a fonctionné avec précision, répondant ou dépassant toutes les attentes lors de son premier lancement sur Artemis 1. La fusée la plus puissante du monde a mis le vaisseau spatial Orion sur la bonne trajectoire pour un voyage au-delà de la Lune et retour, et a jeté les bases de la première mission avec des astronautes sur Artemis 2 et du retour de l'humanité sur la surface lunaire à partir d'Artemis 3.
"Le premier lancement du Space Launch System était tout simplement époustouflant", a déclaré Mike Sarafin, responsable des missions Artemis. "Alors que notre mission avec Orion est toujours en cours et que nous continuons à apprendre au cours de ce vol, les systèmes de la fusée ont fonctionné comme conçu et comme prévu."
Les deux boosters d'appoint chargés de produire plus de 3200 tonnes de poussée au décollage ont atteint leur objectif de performance, aidant la fusée et le vaisseau spatial à parcourir plus de 43 km depuis son site de lancement au Kennedy Space Center en Floride et à atteindre une vitesse d'environ 6500 km/h en un peu plus de deux minutes, avant qu’ils ne se séparent. Aucun problème n'a été signalé sur aucun des sous-systèmes des boosters, y compris son avionique et son système de contrôle de vecteur de poussée utilisé pour la direction.
L'analyse montre que l'étage central de la fusée et les quatre moteurs RS-25, qui ont brûlé les 3 millions de litres de combustible de l'étage en un peu plus de huit minutes, ont répondu à toutes les attentes lors du lancement ainsi que dans les dernières minutes du compte à rebours avant le décollage, lorsque les ordinateurs de vol et les logiciels sont sous contrôle et lors des nombreux événements dynamiques, impliquant la pressurisation des réservoirs, le démarrage des moteurs et l'allumage des boosters, qui se succèdent rapidement.
La méga fusée a livré Orion à environ 5 km de son altitude orbitale prévue de 1800 par 30 km, bien dans la plage requise pour la mission, à une vitesse d'environ 28000 km/h. L'analyse montre que l'ascension de la fusée et les logiciels ont également fonctionné comme prévu.
L'étage intermédiaire de propulsion cryogénique ICPS, utilisé pour effectuer deux allumages au cours de la mission pour d'abord relever l'orbite d'Orion puis propulser le vaisseau spatial vers la Lune, s'est déroulé exactement comme prévu. L’unique moteur RL-10, qui a propulsé avec succès plusieurs missions sur nombre de planètes du système solaire et dans l'espace interstellaire au cours de ses plus de 50 ans de fonctionnement, a établi un record de durée de combustion unique, fonctionnant pendant plus de 18 minutes pour régler Orion précisément lors de son périple de plusieurs jours afin d’intercepter le voisin céleste le plus proche de la Terre.
"Les performances ont diminué de moins de 0,3% dans tous les cas", a déclaré Sarafin.
Les ingénieurs continueront d’effectuer une analyse plus détaillée des performances du système de lancement spatial au cours des prochains mois alors que l'agence continue de progresser dans la construction et l'assemblage d'éléments pour la fusée pour Artemis 2 et les suivantes.